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LUXEMBOURG

Situation historique et démolinguistique 

 

Le grand-duché de Luxembourg est un petit État de 2586 km2 (environ 11 fois plus petit que la Belgique) comptant 384 000 habitants; il est limité au nord-ouest par la Belgique, ŕ l’est par l’Allemagne et au sud-est par la France. 

Ŕ l’origine, le Luxembourg faisait partie de la Belgique romaine, puis de la France de Clovis et enfin de l’empire de Charlemagne. Le pays fut ensuite cédé ŕ l’Autriche en 1714, annexé par la France en 1795, puis rendu ŕ l’Allemagne en 1815 pour ętre partagé ensuite entre la Belgique et les Pays-Bas. Le grand-duché de Luxembourg devint un État indépendant en 1867 lors du traité de Londres.

 

2 Données démolinguistiques

La majorité de la population (76 %) du grand-duché de Luxembourg parle une langue germanique de l'Ouest comme langue maternelle: le luxembourgeois appelé Lëtzebuergesch. Il s'agit en réalité du francique mosellan (occidental) ou Moselfränkisch (Westmoselfränkisch), qui était ŕ l'origine la langue des Francs Saliens et des Ripuaires, auxquels nous devons la création du royaume de France.  Le luxembourgeois est le seul idiome francique bénéficiant d'un statut juridique officiel.

Dans le paysage linguistique de l'Europe, la langue luxembourgeoise se situe géographiquement ŕ un point de rencontre et différenciation bien particulier. En effet, il se parle dans un région qui est le point d'aboutissement de la frontičre entre, d’une part, les langues germaniques et, d’autre part, les langues romanes qui, depuis huit sičcles, traverse cette partie de l’Europe. Le luxembourgeois fait donc partie, répétons-le, des langues germaniques de l'Ouest, plus précisément du moyen allemand

En dehors du grand-duché, le luxembourgeois est également parlé en Belgique (région d'Arlon dans la province de Luxembourg), en France (département de la Moselle (no 57), dans la région de Thionville) et en Allemagne (Land de Sarre ŕ la frontičre ouest, au nord d'Echternach, dans les arrondissements de Prüm et de Bitburg). On peut visualiser une carte linguistique de toutes les variétés de francique en cliquant ICI, s.v.p.

Contrairement aux autres langues germaniques (allemand, néerlandais, danois, etc.), le luxembourgeois n'a qu'une courte tradition écrite, qui ne date que de 1825. C’est seulement en 1850 qu’une orthographe officielle a été proposée. Elle a tenté de rapprocher les principes de l'orthographe de l'allemand et ceux du français, qui sont les deux langues principales du systčme scolaire au Luxembourg. 

D’ailleurs, depuis le XIVe sičcle, le Luxembourg connaît une longue tradition française, car les souverains du grand-duché ont toujours été instruits ŕ la cour des rois de France. Les chancelleries des comtes du Luxembourg avaient męme abandonné assez tôt le latin pour le français et l'allemand, et elles avaient établi un bilinguisme écrit dčs l'époque oů, en 1354, le Luxembourg était devenu un duché. Ce bilinguisme de l'écrit s'est perpétué de nos jours, oů il est męme devenu un trilinguisme. En effet, la plupart des Luxembourgeois parlent aussi le français et l'allemand, voire l'anglais. C'est donc dire que les Luxembourgeois sont trilingues ou quadrilingues.

En outre, le grand-duché de Luxembourg copte un grand nombre de résidents étrangers, prčs de 160 000, qui parlent d'autres langues que le luxembourgeois, le français ou l'allemand. Selon une enquęte gouvernementale récente (1998), 17 % des Luxembourgeois parlent plus d'une langue avec leurs enfants, 53 % parlent plus d'une langue avec leurs amis et 70 % parlent plus d'une langue au travail. C'est donc dire que les Luxembourgeois ne sont gučre arrętés par la barričre des langues! Il semble męme qu'un Luxembourgeois réaliserait tout un exploit s'il parvenait ŕ passer une journée en utilisant une seule langue. Évidemment, les Luxembourgeois empruntent massivement des mots au français et ŕ l'allemand dans leurs conversations quotidiennes.

 

3 Le trilinguisme dans le grand-duché 

L'usage des langues n'est pas réglementé par la Constitution mais par une loi adoptée le 24 février 1984. Cette loi, appelée la loi du 24 février 1984 sur le régime des langues, est conforme au droit constitutionnel non écrit qui prescrit l'usage des langues dans le grand-duché du Luxembourg. 

Selon l'article 1 de la loi du 24 février 1984: «Le luxembourgeois est la langue nationale des Luxembourgeois.» Il n'y a pas, au sens juridique du terme, de langue officielle dans le Grand-Duché, mais la langue de la législation écrite est le français (art. 2), alors que les langues administratives et judiciaires sont le français, le luxembourgeois et l'allemand (art. 3). Dans les faits, le français est la langue courante de l'Administration surtout ŕ l'écrit et dans les écoles de niveau secondaire. On peut consulter le texte intégral de la loi du 24 février 1984 sur le régime des langues. On peut dire que le Luxembourg a, dans les faits (męme si cela n'est pas reconnu juridiquement) trois langues officielles.

Un sondage réalisé en 1986 révélait que le luxembourgeois est la langue la plus utilisée dans la vie privée, les spectacles, les cérémonies religieuses, les conférences et les tribunaux. Le français reste la langue dominante au travail, dans les relations professionnelles et administratives, ŕ l’école secondaire, dans les cafés et restaurants, dans les magasins et ŕ la télévision. Par ailleurs, les Luxembourgeois préfčrent l'allemand pour les journaux, les périodiques, la radio et la lecture en général, l’école primaire. Dans les faits, la grande presse du pays donne les nouvelles et les analyses politiques en allemand et en français, présente les annonces administratives ou officielles uniquement en français, tandis que les annonces publicitaires et le carnet mondain ainsi que le courrier des lecteurs sont rédigés indifféremment dans les trois langues du pays. Dans les médias électroniques, la télévision du Luxembourg est en français, mais la radio est massivement luxembourgeoise, si l'on fait exception des stations de radio en provenance de France, d'Allemagne ou d'autres pays de l'Union européenne.

 

4 Gouvernement, justice et administration publique

Au Parlement, les députés s'expriment presque uniquement en luxembourgeois et parfois en français dans certains déclarations officielles, mais tous les procčs-verbaux et toutes les lois ne sont rédigés qu'en français. Autrement dit, le transcripteur entend les délibérations en luxembourgeois, mais les traduit instantanément  en français. Les comptes rendus des délibérations de la Chambre des députés sont transcrits en français, męme si les questions se font en luxembourgeois. Toutes les réunions de l'Exécutif (ou Conseil des ministres) ne se déroulent qu'en luxembourgeois, alors que les procčs-verbaux sont instantanément traduits en français et consignés dans cette langue. Les ministres utilisent le plus souvent le luxembourgeois, mais le français est employé de préférence lors de leurs grandes déclarations officielles. Dans ces conditions, la langue luxembourgeoise emprunte un grand nombre de mots au français (de Congé Pénal, en Débat an der Chamber, etc.) et ŕ l'allemand (d'Gleichberechtitung).

L'administration de la justice se fait également en luxembourgeois bien que les compte rendus et les jugements ne soient rédigés qu'en français. En fait, lors des séances dans les tribunaux, les témoignages y sont souvent prononcés en luxembourgeois, les plaidoiries se poursuivent en français tandis que le verdict est rédigé en allemand.

Le luxembourgeois, le français et l'allemand sont couramment utilisés dans l'administration gouvernementale, mais le français demeure privilégié ŕ l'écrit, alors que le luxembourgeois est prépondérant ŕ l'oral avec l'allemand. Dans les administrations communales, l'allemand est souvent utilisé ŕ l'oral comme ŕ l'écrit.

 

5 L'enseignement des langues ŕ l’école

Dans l'enseignement, les élčves luxembourgeois utilisent le luxembourgeois ŕ la maternelle. Le luxembourgeois est considéré comme langue auxiliaire pour l'alphabétisation pendant les trois premiers semestres de l'école primaire, mais l'alphabétisation se fait en allemand. Au deuxičme semestre de la 2e année de l'enseignement primaire, on commence avec l'enseignement oral du français; l'écrit est introduit ŕ partir de la 3e année du primaire alors que l’enseignement de l’allemand n’est jamais interrompu. Selon la composition des classes, les enseignants parlent allemand, mais alternent parfois avec le luxembourgeois et le français. Dčs l’âge de sept ans, l’enseignement se poursuit en français et en allemand. De façon générale, prčs de 50 % du temps consacré ŕ l'enseignement est accordé ŕ l'apprentissage des langues.

Il existe aussi de nombreuses écoles privées oů l'enseignement est dispensé dans les langues maternelles des immigrants. Quelque 17 % des élčves reçoivent leur enseignement dans ces écoles.

Lors des premičres années du secondaire, la plupart des matičres sont dispensées en allemand, mais c'est en français qu'on enseigne l'histoire et les mathématiques. C'est ŕ l'école secondaire que s'opčre le passage de l'unilinguisme (tout luxembourgeois) au trilinguisme (luxembourgeois-allemand-français). En somme, on n’enseigne pas officiellement en luxembourgeois, mais cette langue est enseignée comme une matičre indépendante depuis 80 ans ŕ l'école primaire et, depuis environ une cinquantaine d'années, au secondaire. Par ailleurs, l'anglais est également enseigné ŕ partir du secondaire technique. Il en résulte que, ŕ la fin de ses études, un jeune Luxembourgeois connaît, en principe, le luxembourgeois, l'allemand, le français et l'anglais.

Les enfants des immigrants apprennent en principe le luxembourgeois ŕ l'école, mais beaucoup fréquentent les écoles privées oů la langfue d'enseignement n'est pas le luxembourgeois, mais le français, l'allemand ou l'anglais.

Le Centre universitaire de Luxembourg dispense ses cours en français, mais aprčs deux ans les étudiants ont la possibilité de poursuivre leurs cours dans les universités des pays voisins, que ce soit en français ou en allemand.

 

6 L'affichage

Il n'y a pas de législation concernant l'emploi des langues dans l'affichage. Toutefois, les pratiques actuelles semblent conformes aux dispositions de la loi du 24 février 1984 sur le régime des langues. Toutes les inscriptions officielles du grand-duché apparaissent seulement en français, qu'il s'agisse des plaques identifiant les édifices gouvernementaux, les organismes internationaux, les gares ou l'aéroport de Luxembourg. Les municipalités n'utilisent généralement que le français, mais certains messages ponctuels peuvent apparaître en luxembourgeois et, dans le cas d'informations touristiques, parfois en allemand (p. ex. Besichtigen Sie die Kasematten) ou en anglais (p. ex. Tourist information). Les noms de rues sont toutes en français (toujours le générique: rue, avenue, place, montée, boulevard) męme si le terme spécifique est souvent en luxembourgeois ou en allemand. Les toponymes du grand-duché peuvent donc ętre d'origine française, luxembourgeoise ou allemande.

L'affichage commercial est presque exclusivement en langue française, mais beaucoup de raisons sociales portent un nom luxembourgeois (p. ex. Pâtissier Kampff-Kohler); il peut arriver que l'affichage se fasse en luxembourgeois ou en anglais. Par ailleurs, la publicité, tout en étant généralement en français, apparaît souvent en luxembourgeois, parfois en anglais. Le bilinguisme français-luxembourgeois demeure rare et, de toute façon, il est devancé par l'unilinguisme luxembourgeois; dans un cas comme dans l'autre, il s'agit de textes publicitaires et de messages ponctuels destinés ŕ la clientčle locale. Męme les restaurants McDonald's préfčrent la publicité unilingue luxembourgeoise ŕ la publicité bilingue (français-luxembourgois).

De façon générale, le paysage linguistique apparaît français avec de nombreux termes spécifiques en luxembourgeois. Suivent quelques inscriptions en anglais et, loin derričre, d'autres en allemand. Le bilinguisme dans l'affichage n'est pas une pratique courante au Luxembourg.

 

7 Les médias

Les mdias reflčtent la pluralité des langues vécue au Luxembourg. Malgré sa petite taille, le Luxembourg offre six journaux quotidiens nationaux: Luxemburger Wort, La Voix du Luxembourg, Tageblatt, Le Quotidien, Editions Letzeburger Journal SA et Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek. Les articles sont rédigés en allemand, français, parfois en luxembourgeois. Deux quotidiens (La Voix du Luxembourg et Le Quotidien) présentent l'actualité uniquement en français, afin de toucher particuličrement les lecteurs frontaliers belges et français. En ce qui a trait au journaux hebdomadaires, citons d'Letzeburger Land, Le Jeudi, Revue, Télécran Magazine, Contacto, Correio, etc. Par ailleurs, le pays dispose d'un grand nombre de périodiques en tout genre publiés en allemand, en français, en anglais, en portugais, etc. De façon générale, la presse écrite allemande a toujours été la préférée des Luxembourgeois, mais le français occupe néanmoins entre 20 % et 30 % des espaces rédactionnels et publicitaires. Bine que l'allemand fasse encore la «Une» des actualités, d'autres langues sont largement employées, dont le français, l'anglais, voire le portugais (ŕ l'intention des immigrants).

 

8 La question des enfants d’immigrants ŕ l’école

Jusqu'ŕ la fin XIXe sičcle, le Luxembourg avait été un pays rural plutôt fermé sur lui-męme. Toutefois sa population avait accepté sans difficultés l'arrivée massive des immigrés allemands et belges, dont elle comprenait la langue. Mais en cette fin du XXe sičcle, l’arrivée d’immigrants en provenance de l’Italie, du Portugal et de l’Espagne a bousculé le systčme scolaire luxembourgeois et celui-ci tarde ŕ s'adapter ŕ une situation nouvelle. Les parents portugais, espagnols ou italiens se concentrent sur ce qui leur est familier, ŕ savoir les cours de portugais, d’espagnol ou d’italien organisés par les autorités du pays d’origine pendant les aprčs-midi libres. Les immigrants perçoivent l'école luxembourgeoise comme immobile et sans issue pour leurs enfants. Les problčmes sont connus: comment concilier l'apprentissage de la langue allemande et le rôle de la langue d’origine des enfants d’immigrants?

En effet, les enfants des immigrants portugais, italiens ou espagnols ont des problčmes avec l'alphabétisation en langue allemande dčs la premičre année. L'allemand constitue pour eux un obstacle non négligeable tout au long de leur carričre scolaire, ce qui n’est pas le cas du français en raison des liens de parenté plus étroits avec leur langue d’origine. Or, l’allemand et le français sont obligatoires pour toute la scolarité au Luxembourg et ceux qui veulent éviter un échec répété (avec l’allemand) fréquentent souvent les écoles dans les pays limitrophes, notamment les établissements belges. Le bilinguisme scolaire et le trilinguisme de la vie quotidienne constituent des barričres systématiques pour les élčves immigrés qui doivent assumer les trois langues du Luxembourg ainsi que celle du pays d'origine. Dčs 1989, le Conseil économique et social avait pourtant souligné la nécessité d'adapter l'école pour tenir compte des contingences économiques. Il semble bien que le problčme s’aggravera avec le temps, car les solutions tardent.

 

9 La naturalisation des immigrants

Le problčme de la naturalisation des immigrants semble important au Luxembourg. Pour obtenir sa citoyenneté, l’immigrant doit demander sa nationalité luxembourgeoise. La législation actuelle ne peut pas ętre considérée comme ouvrant de façon particuličrement large l'accčs ŕ la nationalité luxembourgeoise. Ainsi pour obtenir la nationalité luxembourgeoise, une condition de résidence de 10 ans est toujours exigée, sauf exceptions (réfugiés notamment: 5 ans). L'âge minimum est fixé ŕ 18 ans. L’aspect le plus controversé de la naturalisation est la condition suivante: dans tous les cas d'acquisition volontaire de la nationalité luxembourgeoise, la perte de la nationalité d’origine est exigée. Toutefois, la connaissance du luxembourgeois n'est pas obligatoire.

Le problčme, c’est que la naturalisation n'est pas qu'un simple acte juridique. Elle entraîne aussi l'intégration sur la base de l'assimilation; cette solution est refusée par la plupart des immigrés, parce qu'ils ne veulent pas rompre leurs liens culturels et renoncer ŕ leur nationalité précédente.

La conséquence de cet état de fait est importante. Les immigrants restent des citoyens dont les Luxembourgeois se méfient parce qu’ils ne comprennent leur langue et dont les traditions et les coutumes se distinguent nettement des leurs. Poussés par un instinct de défense, les immigrants se retranchent alors dans de petits "îlots nationaux", qui se formaient un peu partout dans le pays. Dans certaines agglomérations agglomérations, leur nombre est trčs élevé, jusqu’ŕ 25 % et plus. Rapidement, les immigrants du grand-duché forment des communautés presque autonomes, regroupées dans peu de villes et proches du lieu de travail. Ce n’est pas ce qu’on appelle une véritable intégration sociale. 

Partageant des frontičres communes avec la Belgique, la France et l'Allemagne, le Luxembourg est en contact avec le français et l'allemand, voire le néerlandais. Si l'on en croit des études récentes, la dynamique des langues jouerait lentement en faveur du français, notamment du fait de la forte immigration majoritairement d'origine «romane» (Italiens, Espagnols, Portugais et Français ou Belges francophones) qui préfčre s'intégrer par l'usage du français plutôt que de l'allemand, alors que le luxembourgeois reste réservé ŕ l'usage des seuls «autochtones de souche».

Contrairement ŕ la Belgique, constamment secouée par les querelles linguistiques, le contraste est grand au Luxembourg, pays par excellence de la coexistence pacifique des langues. De plus, parlé par moins de 300 000 locuteurs dans un tout petit pays de 2580 km2, le luxembourgeois jouit d'une sécurité linguistique presque aussi grande que l'allemand dans le pays voisin (l'Allemagne). Il en est ainsi lorsqu'un pays est protégé par des frontičres linguistiques sécurisantes, bien que perméables. Il faut dire que le cas du Luxembourg demeure un cas relativement unique. Pays de la cohabitation linguistique sereine, le Luxembourg pourrait sans doute servir de modčle pour bien des pays attachés ŕ la diversité de leurs langues.